CONCLUSIONS GÉNÉRALES
En mars 2024, les banques alimentaires canadiennes ont enregistré plus de 2 millions de visites, soit le chiffre le plus haut de toute l’histoire.
Le nombre de visites aux banques alimentaires en mars 2024 a atteint un niveau sans précédent, dépassant même le chiffre record de l’an dernier. Ce taux record de recours aux banques alimentaires est cohérent avec les taux record d’insécurité alimentaire et les conclusions d’autres études récentes qui montrent qu’un nombre croissant de personnes rencontrent des difficultés économiques.
Le recours aux banques alimentaires cette année a augmenté de 90 % par rapport à mars 2019, et certains signes montrent que le système des banques alimentaires atteint ses limites absolues.
Le taux de croissance des cinq dernières années a de loin dépassé tout ce que le réseau a connu à l’échelle nationale. La hausse du taux de changement du recours aux banques alimentaires s’est poursuivie l’an dernier pour atteindre un peu plus de 6 % et les banques alimentaires peinent à répondre à la demande continuellement élevée. La hausse de cette année survient dans le contexte de la crise du logement abordable qui sévit actuellement et d’une légère hausse du taux de chômage, y compris une hausse considérable des taux de chômage chez les nouveaux arrivants par rapport aux années précédentes.
Le double effet de l’inflation des prix des aliments et du logement surtout touché les personnes à faible revenu.
Bien que les effets de l’inflation des prix des aliments rendent particulièrement difficile le magasinage hebdomadaire à l’épicerie, la force inéluctable et non négociable de l’inflation du secteur immobilier amplifie la crise du logement abordable pour les ménages des quintiles de revenu les plus bas. Ces personnes, dont les prestataires de l’aide sociale provinciale, dépensent plus de 80 % de leur revenu disponible dans la nourriture et le logement seulement. Alors que les coûts non négociables, comme le loyer, représentent une part toujours plus important du revenu disponible des personnes de ce groupe, la nourriture passe après et la probabilité que ces personnes aient besoin d’une banque alimentaire augmente.
Les enfants représentent le tiers des usagers des banques alimentaires.
Le pourcentage d’enfants de moins de 18 ans qui ont recours aux banques alimentaires est demeuré stable à 33 %; toutefois, compte tenu de la hausse du recours aux banques alimentaires depuis la période avant la pandémie, ces 33 % représentent maintenant près de 700 000 visites, soit une hausse de plus de 300 000 visites par mois par rapport à il y a cinq ans. De plus, le nombre de ménages biparentaux avec enfants de moins de 18 ans qui ont recours aux banques alimentaires a également augmenté; ils représentaient 18,8 % en 2019 et ils représentent près de 23 % en 2024. Les familles biparentales qui ont recours aux banques alimentaires sont plus susceptibles de vivre dans de grands centres urbains de 100 000 habitants ou plus, contribuant ainsi au nombre supérieur de visites dans ces régions.
Pour 18 % des clients des banques alimentaires, l’emploi constitue leur principale source de revenu, comparativement à 12 % en 2019.
Le pourcentage de la clientèle des banques alimentaires dont la source de revenu principale découle de l’emploi a maintenant atteint un taux record de 18,1 %, dépassant les 16,7 % de l’an dernier. Par le passé, le chiffre pour ce groupe se situait entre 10 % et 12 %, mais il a commencé à augmenter en 2022, lorsque les répercussions de l’inflation rapide se sont fait ressentir. Cette année, l’incidence cumulative de l’inflation a encore réduit le pouvoir d’achat des personnes actives, y compris pour un grand nombre dont les revenus sont au-dessus du seuil de pauvreté.
Près de 70 % des clients des banques alimentaires vivent dans des logements locatifs.
Les logements locatifs au prix du marché sont le type de logement le plus courant chez les ménages qui ont recours aux banques alimentaires, représentant 69,5 % de tous les types de modalités de logement. La proportion d’utilisateurs des banques alimentaires vivant dans un logement locatif a augmenté chez les personnes de moins de 45 ans, les groupes racisés et les personnes qui vivent au Canada depuis moins de 10 ans. Les utilisateurs qui vivent dans des logements locatifs au prix du marché sont aussi plus susceptibles de vivre dans de grands centres urbains de 100 000 habitants ou plus.
L’aide sociale provinciale, franchement inadéquate, reste la source de revenu la plus courante pour les clients des banques alimentaires.
L’aide sociale provinciale, qui comprend à la fois l’aide sociale générale et les prestations d’invalidité provinciales, est la principale source de revenu pour près de 40 % des utilisateurs des banques alimentaires. Malgré le fait que certaines provinces aient mis en place des initiatives visant à augmenter les revenus des personnes qui bénéficient de l’aide sociale (par exemple, octroi de paiements ponctuels compensatoires relatifs au coût de la vie et indexation des taux à l’inflation), les revenus issus de l’aide sociale restent si bas que tous les types de ménages qui reçoivent l’aide sociale vivent sous le seuil de pauvreté dans presque toutes les provinces et tous les territoires.
32 % des clients des banques alimentaires sont des nouveaux arrivants au Canada qui sont au pays depuis 10 ans ou moins.
Au total, 32 % des clients des banques alimentaires sont des nouveaux arrivants au Canada qui sont au pays depuis 10 ans ou moins. Cela représente une hausse considérable par rapport à l’an dernier. La plupart des clients de cette catégorie sont arrivés au cours des deux dernières années. Les nouveaux arrivants au Canada qui perdent leur emploi sont moins susceptibles de bénéficier des deux soutiens du revenu de dernier recours (assurance-emploi ou aide sociale provinciale) en raison des critères d’admissibilité restrictifs. De plus, les récents nouveaux arrivants qui occupent un emploi ont des contrats plus souvent précaires ou touchent des salaires plus bas, ces deux facteurs contribuent à d’importants niveaux d’insécurité alimentaire. La hausse du besoin parmi les nouveaux arrivants met en évidence les lacunes importantes de notre filet de sécurité sociale et renforce la nécessite d’une réforme urgente.