Par le blogueur invité Tristan Newsome, directeur général de la Food Bank Society of Whitehorse
Nous avons connu un été merveilleux, qui a été marqué par certains événements historiques à la banque alimentaire de Whitehorse. Pour la première fois depuis notre ouverture en 2009, nous avons observé une diminution du nombre de personnes ayant recours à nos services. Nous en avons profité pour reprendre notre souffle, réévaluer certains de nos services et aider d’autres organisations dans le cadre du volet général de notre mandat (volet sur lequel nous avons rarement l’occasion de nous concentrer) : le soutien à l’importante lutte contre la pauvreté. Nous avons accompli de grandes choses, comme la publication d’une analyse exhaustive des données sur l’utilisation de nos services compilées entre 2009 et 2017. Cette analyse, combinée à d’autres données recueillies par des organisations dévouées du Yukon, servira de point de référence afin d’illustrer la nécessité de miser sur l’accès à un logement abordable et à des aliments nutritifs pour réduire la pauvreté. L’été a été génial. Cependant, comme tous ceux qui connaissent bien le Nord peuvent en témoigner, la période du soleil de minuit a été de courte durée.
Personne ne sera surpris d’apprendre que les territoires nordiques du Canada enregistrent des températures froides… très froides. À la mi-octobre, il neigeait. Dès la première semaine de novembre, les températures frôlaient les -20 degrés. Les prix de location sont déjà élevés dans le Nord, et ces températures hivernales donnent le coup de grâce au budget de toute personne vivant sous le seuil de la pauvreté. Voici une brève mise en contexte : la facture mensuelle de chauffage de mon petit condo dépasse 250 $ en hiver, et je vis dans un bâtiment relativement neuf. Dans les vieilles constructions dont les matériaux d’isolation sont obsolètes, les coûts de chauffage peuvent devenir exorbitants. Je ne cherche pas à critiquer les sociétés d’électricité; il s’agit simplement d’une réalité de la vie dans un environnement aussi froid.
Par ailleurs, dans le Nord canadien, les prix des aliments sont parmi les plus élevés au pays. Ces coûts augmentent considérablement au fur et à mesure qu’on s’éloigne. Les personnes qui vivent dans les localités éloignées n’ont parfois aucun accès approprié à de la nourriture. Cependant, même les familles qui habitent dans une grande ville nordique comme Whitehorse doivent prendre des décisions difficiles, notamment lorsqu’elles ont des enfants. Elles doivent parfois choisir entre acheter une quantité supérieure de nourriture au détriment de la qualité nutritive ou acheter des aliments nutritifs en sacrifiant la quantité. Dans les dernières années, notre banque alimentaire s’est efforcée de faciliter un peu cette décision pour nos clients en augmentant la quantité offerte de fruits et légumes frais locaux et nutritifs. Grâce à des partenariats avec des écoles, le gouvernement territorial et des agriculteurs locaux, nous pouvons proposer à nos clients des patates, des carottes et des betteraves cultivées ici même au Yukon, pratiquement à longueur d’année.
À mesure que les températures baissent, le nombre de personnes ayant besoin d’aide augmente. Mais malgré le temps froid et les longues nuits, la région dégage une certaine chaleur. En effet, la communauté de Whitehorse est tout simplement incroyable. Toute l’année, nous recevons un soutien constant et généreux des entreprises, des écoles, des particuliers, des gouvernements et d’autres organisations. Nous ne pourrions sans doute pas continuer d’aider les personnes et les familles qui souffrent de la faim sans ce soutien, surtout en hiver.
Les habitants du Nord sont fiers de leurs localités et de leur terre. En dépit de la noirceur polaire, la plupart n’échangeraient leur place pour rien au monde.