L’année 2020 a été marquée par le stress, l’anxiété et le changement. En raison de la mise en place de mesures de confinement et des pertes d’emplois massives aux quatre coins du pays, les banques alimentaires se doutaient bien qu’elles devraient faire face à une hausse du nombre de clients. Cependant, elles savaient que rien ne pourrait les empêcher d’aider leurs voisins. La seule solution pour maintenir leurs activités était de faire preuve de créativité.
« Nous avons dû relever d’énormes défis alors que nous apportions des changements pour nous adapter à la pandémie de COVID-19. Nous avons revu nos façons de faire et déterminé ce qui fonctionnait le mieux pour nous, affirme Peter Sinclair, directeur général de la banque alimentaire Loaves and Fishes. Nous avons déplacé toutes nos activités de distribution de denrées à l’extérieur. Pour ce faire, nous avons installé des tentes et mis sur pied un service au volant pour les clients. Cette tâche n’a pas été de tout repos, surtout pour l’enregistrement des clients à leur arrivée au service au volant. De mars à avril, nous avons mis à l’essai différentes méthodes. Nous avons finalement trouvé une formule efficace : les clients n’avaient qu’à présenter une pièce d’identité par la fenêtre de leur véhicule, et le personnel sur place relayait les renseignements par téléphone à un bénévole qui aidait depuis son domicile et avait accès à notre système informatique. Cette méthode a maintenant fait ses preuves. Lorsque la pandémie de COVID-19 sera terminée, nous voulons continuer d’offrir le service au volant, car il est efficace et apprécié des clients. Les clients pourront bien sûr venir nous visiter à l’intérieur, mais cette option leur sera tout de même offerte. »
Heureusement, les Canadiens se sont mobilisés pour venir en aide aux communautés dans le besoin, et les occasions d’en faire davantage se sont présentées rapidement, surtout en ce qui concerne les besoins en matière d’infrastructure.
« Nous n’avions jamais vu une telle abondance de nourriture. Ironiquement, cette abondance était notre plus grand défi. Bien sûr, ce sont de bons problèmes à avoir, et nous préférons cela à la rareté. Dans un autre ordre d’idée, nous investissons également dans l’avenir. Nous investissons dans nos infrastructures afin d’avoir accès à encore plus de nourriture. Par exemple, nous achèterons des véhicules réfrigérés pour faciliter le transport des denrées. Actuellement, nous possédons une installation de 6000 pieds carrés et nous voulons construire un nouvel entrepôt de 29 000 pieds carrés. Banques alimentaires Canada nous a donné des fonds pour acheter une laveuse à bacs industrielle. Ces investissements dans les infrastructures nous permettront d’économiser de l’argent à long terme et d’être mieux préparés aux fluctuations des dons de denrées.
Dès la mise en place des mesures de confinement, de nombreux bénévoles ont commencé à se désister dans les banques alimentaires par crainte de contracter la COVID-19, mais heureusement, nous avons pu embaucher du personnel.
Nous avons observé une baisse du nombre de bénévoles et une augmentation des dons en denrées, ainsi que des dons en argent. Nous avons donc pu utiliser un peu de cet argent pour embaucher du personnel. Nos bénévoles commencent tout juste à revenir et nous avons vraiment besoin d’eux. Cependant, nous avons tout de même conservé une bonne partie du personnel embauché en raison de la croissance de nos activités sur l’île de Vancouver ».
De plus, d’autres communautés vulnérables ont aussi pu profiter du généreux soutien.
« Nous fournissons de la nourriture directement aux clients à partir de nos dépôts de Nanaimo et Port Hardy, mais nous fournissons aussi de la nourriture à plus d’une centaine d’autres programmes d’organismes à but non lucratif qui viennent en aide aux écoles et aux communautés autochtones. En 2020, nous avons fourni l’équivalent de 6,2 millions de dollars de nourriture, dont 1,7 million à d’autres organismes dans le besoin. Nous livrons de la nourriture, à partir de notre installation principale, à des communautés éloignées à plus de quatre heures et demie de route, et nous sommes heureux de pouvoir maintenant aider encore plus de gens. »
Nos clients demeurent notre priorité, c’est pourquoi nous voulons qu’ils puissent faire des choix alimentaires.
« Puisque les clients ne peuvent plus entrer dans nos installations, nous leur préparons des paniers préassemblés contenant tous les aliments essentiels. Cependant, nous voulons tout de même qu’ils aient la possibilité de choisir d’autres aliments lorsqu’ils nous rendent visite. Par exemple, nous avons offert à tous les clients du saumon, car nous avions reçu des palettes de saumon. Ils pouvaient en prendre ou non, c’était leur décision au bout du compte. En somme, nous essayons de trouver un équilibre entre laisser les clients faire des choix et aller le plus rapidement possible pour servir plus de clients.
Lorsque les clients nous appellent pour nous raconter leurs histoires, nous voyons alors comment les banques alimentaires améliorent la vie des gens.
« Récemment, une personne de mon entourage a vécu des moments difficiles. Elle m’a envoyé un message pour me dire que, grâce à la banque alimentaire, sa famille peut garder la tête hors de l’eau en ce moment et qu’elle est renversée par la quantité de nourriture qu’elle reçoit. La pandémie a frappé cette famille de plein fouet. Elle est passée d’une famille à revenu élevé à une famille à très faible revenu pratiquement du jour au lendemain. Donc, la possibilité d’obtenir de la nourriture était très importante pour cette famille. Elle m’a envoyé une photo de leur congélateur rempli de viande. Elle était très émue d’avoir reçu de la banque alimentaire l’équivalent de 1 000 $ de nourriture. Ce genre d’histoire me donne espoir. »